J'avais écrit cet article il y a plus d'un an pour le site MonBestseller, et il me semble que, comme les oeuvres de Proust, il reste indémodable.
Retrouvé dans les archives poussiéreuses du célèbre écrivain auto-publié, voici un texte inédit truffé de conseils pratiques pour l’auteur encore inconnu que vous êtes. Si c’est Proust qui le dit, il doit bien y avoir une parcelle de vérité. Je vous laisse en juger.
Il est deux heures du matin et vous venez de mettre le point final à votre manuscrit. Tapi dans votre antre obscur, vous observez le lent clignotement du curseur enfin immobile. Vous avez finalement accouché de votre œuvre, avec ou sans césarienne, vos tripes sont encore chaudes sur le parquet et lorsque vous levez la tête, vous voyez pour la première fois les piles de boîtes de pizza et la montagne de linge sale que vous aviez quelque peu négligé durant ces derniers mois de gestation.
C’est alors que vous êtes saisi d’une panique insurmontable : pourquoi ai-je fait tout cela ? Pourquoi ai-je sacrifié un, trois ou cinq ans de ma vie à m’user les doigts sur du plastique au lieu de suivre Star Academy à la télé ? Pourquoi ai-je aliéné mes amis, ma douce moitié et mes gosses au point qu’ils font semblant de ne plus me voir et ne m’adressent même plus la parole ? Une question pertinente, certes, mais qui ne vous avait encore jamais effleuré, ou alors dans un rêve lointain de célébrité et de gloire. Le plus dur, vous semblait-il, était de finir ce fichu manuscrit, et vous aviez tort. Le plus dur vient tout juste de commencer.