vendredi 9 octobre 2015

Déclaration d’indépendance

ou comment se lancer et (peut-être) réussir en tant qu’auteur indépendant(e).


De temps à autre, et de plus en plus fréquemment, je suis sollicité par des auteurs désirant bénéficier de conseils sur le marketing des livres et le métier d’auteur indépendant. Ne pouvant répondre à tous individuellement, j’ai écrit cet article sur mon expérience et mes « secrets » en tant qu’auteur « auto-édité ». J’espère que ces conseils vous seront utiles. Et, si ce n’est pas le cas, qu’ils vous encourageront à chercher et développer vos méthodes personnelles pour vous lancer et réussir.

1. Déclaration d’indépendance

Pour commencer, il faut bien comprendre qu’« auto-édition » est un mot dont il va falloir vous défaire, et ce pour diverses raisons.


Dire d’un auteur indépendant qu’il est « auto-édité », c’est à peu près aussi réducteur que dire d’un cinéaste indépendant qu’il pratique un cinéma auto-filmé, auto-réalisé ou auto-financé. Le fait qu’il ne veuille pas se plier aux diktats des studios, qu’il veuille conserver sa liberté artistique et ne veuille pas jouer le jeu du casting imposé de tel ou telle artiste « bankable », assaisonné de deux ou trois « fils ou fille de » sans autre talent que leur nom, qu’il refuse d’être payé une misère quand les actionnaires des studios s’enrichissent sur son dos, tout cela ne fait pas de lui un cinéaste « auto-réalisé ». C’est un cinéaste qui a choisi l’indépendance.

Il en va de même de l’édition. Être un écrivain indépendant est une question de choix personnel. Cela peut être un choix imposé parce que vous n’avez pas vos entrées dans le monde de l’édition et que votre livre passera aux oubliettes comme un demi-million de manuscrits chaque année, ou simplement parce que vous refusez d’être payé un salaire moyen de 8400 euros par an pour votre dur travail d’écrivain (qui s’étale souvent sur plusieurs années avant de pouvoir publier quoi que ce soit), tout en ayant à réécrire trois fois votre manuscrit pour faire plaisir à un directeur de collection et entrer dans sa « ligne éditoriale ».

Nombreux sont les écrivains indépendants qui combinent les deux activités, publication indépendante de leurs œuvres en numérique et publication papier chez un éditeur. Les deux ne sont pas incompatibles, d’autant plus que la majorité des éditeurs français voient le numérique d’un œil méfiant et ne s’y aventurent que du bout des doigts, comme d’une chose grossière et qui ne sent pas très bon. Il paraît même qu’aux États-Unis, plus d’un tiers des écrivains dits officiels pratiquent également l’ « auto-édition » afin de réclamer et préserver leur liberté artistique et autonomie financière par rapport aux maisons d’édition.

La deuxième raison est qu’un écrivain indépendant n’est pas seulement engagé dans l’auto-édition, il fait également de l’auto-marketing, de l’auto-publicité, de l’auto-graphisme, de l’auto-correction, de l’auto-attaché-de-presse de l’auto-comptabilité, de l’auto-soutien-psychologique, de l’auto-analyse-des-ventes, et j’en passe. Aucun éditeur ne porte autant de casquettes. Donc le terme « auto-édité » est extrêmement réducteur et doit être banni de votre vocabulaire. Vous êtes d’abord et avant tout un(e) auteur indépendant(e).

Mes premier pas dans l’indépendance – le choc de la réalité

Pour comprendre ma démarche, il faut également comprendre comment et pourquoi j’en suis arrivé là.

Comme la plupart des écrivains indépendants, et des écrivains tout court, j’ai débuté en accumulant les lettres de rejet. Après avoir dépensé une petite fortune à imprimer et envoyer des manuscrits à toutes sortes de maisons ciblées sans aucun résultat, je me suis rapidement rendu compte que je faisais fausse route. Le rêve d’être repéré par une grande maison d’édition par le biais d’un manuscrit anonyme envoyé par la poste n’était qu’une illusion, un leurre soigneusement entretenu et sans aucun fondement. Une chance sur un demi-million au mieux. Premier choc de la réalité. Le monde de l’édition tel que je l’imaginais n’existait pas. C’était une image poétique, un mirage. J’étais soudainement orphelin et terriblement seul. Personne ne me tendrait la main. Il devait y avoir une meilleure solution, plus efficace, moins avilissante et moins onéreuse.

J’ai alors opté pour une stratégie différente : celle de me faire connaître par mes propres moyens, de me construire un lectorat, de faire connaître mon nom et ma plume par tous les moyens possibles, tout en restant en conformité avec mon image d’écrivain. J’avais lu les biographies d’auteurs que j’aimais ou respectais et qui ont eu une carrière éblouissante de longévité, les Bradbury, King et autres, et tous avaient débuté en vendant des histoires à 1 cent le mot à des magazines et des journaux. En se construisant une base de lecteurs à travers des écrits diffusés presque gratuitement jusqu’au moment où passer au roman édité était devenu une évidence tant la demande pour leurs écrits était forte.

J’ai donc déterré mes vieilles nouvelles et mes premiers essais, j’en ai écrit d’autres, et j’ai commencé à les envoyer à différents concours, à poster des articles sur des média en ligne (une activité que j’ai très rapidement abandonnée : si vous voulez vous faire beaucoup d’ennemis, postez des articles sur les magazines en ligne) et j’ai publié un long extrait de mon premier roman sur les sites de lecture gratuits. Si les éditeurs ne voulaient pas de mon livre, je ne l’avais pas non plus écrit pour eux mais pour d’hypothétiques lecteurs. Autant le leur offrir directement.

Et là, le premier miracle s’est produit. Je n’étais plus face à un public qui n’avait aucun intérêt dans mon œuvre ou ma personne mais en face de gens qui cherchait une bonne histoire, un peu d’évasion, un peu d’émotion, et qui ont accueilli mes écrits avec intérêt, gentillesse et sans prise de tête. Certains même avec enthousiasme. Tout à coup, je n’étais plus seul. J’avais des lecteurs à mes côtés. Et chaque nouveau lecteur, chaque nouveau commentaire, alimentait une espèce de force intérieure dont je n’étais pas conscient auparavant. C’était une nouvelle énergie qui me propulsait, le miracle de la relation entre un auteur et son public. Soudainement, je n’étais plus réduit à une personne assise dans son studio face à un écran, mon espace était lentement envahi de dizaines et bientôt de centaines de gens qui lisaient par-dessus mon épaule, m’encourageaient, me corrigeaient, me pressaient d’écrire la suite. Des gens discrets par ailleurs, qui ne faisaient pas de bruit, entraient et sortaient sur la pointe des pieds de peur de déranger ma concentration, mais ils étaient là, tout autour de moi, à m’encourager. On n’a aucune idée de l’effet que ça fait avant de l’avoir expérimenté. Ce n’est pas de la vanité ni de l’auto-satisfaction, c’est simplement une symbiose qui s’établit entre l’auteur et ses lecteurs, l’un alimentant l’autre, dans une spirale qui s’amplifie petit à petit. Et si les critiques négatives peuvent parfois venir secouer ce fragile édifice, elles sont rapidement balayées sous le tapis par l’énergie positive de vos lecteurs qui vous porte de l’avant.

Le monde de l’édition - Deuxième choc de la réalité 

Ce succès initial allait avoir des conséquences désastreuses pour mon image idéale de l’édition (déjà bien ébranlée) car, grâce à l’enthousiasme et au soutien de certaines lectrices et lecteurs, j’ai finalement réussi à être introduit auprès d’éditeurs sérieux qui avaient lu mon manuscrit et semblaient intéressés par sa publication. C’était la solution, bien évidemment, connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un et là, les chances que votre manuscrit soit enfin lu sont multipliées par à peu près un million. Mes ailes d’écrivain une première fois sectionnées commençaient à repousser et j’avais enfin un pied dans la porte !

J’étais encore une fois très naïf.

La chute a été rude. « J’ai beaucoup aimé votre manuscrit mais… ». Et dans ce « mais », on pourra mettre l’Arc de Triomphe. Sachant que mon roman est virtuellement impubliable (le manuscrit pèse 1,1 kg, une demie ramette de papier imprimée recto-verso), il faut bien comprendre qu’il ne s’agit là que de mon expérience, d’autres pourront vivre la chose différemment. Pour ma part, j’ai eu le droit aux remarques du genre : « Je sens un énorme potentiel mais pourquoi avez-vous écrit un polar ? » Un long silence. « Le polar français ne se vend pas. D’ailleurs nous abandonnons cette collection qui n’a pas marché et nous lançons une nouvelle collection de romans historiques. Réécrivez-moi ça en fiction historique et je le publierai. » ou « J’adore votre roman, je veux le publier mais mes commerciaux n’accepteront jamais un premier roman de 800 pages, il faut que vous me réduisiez ça à 350 pages maximum. Quand pourriez-vous l’avoir prêt ? Et vous avez prévu une suite ? »

Je venais de passer mon second choc de la réalité. Ce que ces gens cherchaient, ce n'était pas un auteur mais un étalon pour leur écurie qui allait docilement leur pondre des trucs à répétition pour remplir le format de leur catalogue.

J’ai réfléchi à mes options et me suis dit que, finalement, ce n’était pas une bonne idée de faire confiance à des gars qui recevaient leurs ordres de leur force de vente ou qui pouvaient se retrouver au chômage l’an prochain si leur nouvelle collection, comme la précédente, ne marchait pas. J’avais deux auteurs publiés par de grandes maisons dans mes relations et les histoires d’horreur qu’ils me racontaient au sujet du sort réservé à leurs bouquins, du manque de diffusion, de la très courte longévité des titres sur les rayonnages et des faillites d’éditeurs ne m’encourageaient guère. Je me suis dit une fois de plus qu’il devait y avoir une meilleure solution.

Le chemin de l’indépendance - la solidarité entre en jeu

Conscient de mes nombreuses erreurs lors de l’écriture de mon premier roman, je laissais ma pile de manuscrits rejetés prendre la poussière et me lançais courageusement dans l’écriture de deux nouveaux romans d’une taille qui ne dépasserait pas les 250 pages. J’avais compris la leçon. Ce coup-ci, j’allais pondre un polar scandinave, probablement sous un pseudonyme exotique, et un roman de terroir parce que c’est à peu près la seule catégorie où les éditeurs français ne font pas appel à des traductions de best-sellers étrangers.

J’avançais courageusement dans l’écriture de ces deux romans, lorsque j’eus la chance de tomber par hasard sur un séminaire vidéo délivré par un auteur « auto-édité ». Je ne savais pas trop où était passée l’édition traditionnelle dont je rêvais, mais l’auto-édition, j’avais une idée assez claire de la chose : c’était pour les ratés, les rebuts et les amateurs.

J’avais tort. Jean Philippe Touzeau, auteur de cet extraordinaire séminaire en 21 vidéos, m’en a convaincu. Je le recommande fortement à tous ceux qui veulent se lancer dans l’aventure. Ça et le livre de Jacqueline Vandroux sur comment grimper dans le top 100 Amazon. Avec ces deux formations, vous avez toutes les armes dont vous avez besoin pour vous lancer en tant qu’indépendant. [J'ai mis les liens dans la barre de droite pour ceux et celles qui seraient intéressés.]

Ce qui m’a absolument convaincu, c’était de rencontrer des gens qui avaient suivi le même parcours que moi, qui semblaient sains, équilibrés et très sympathiques, qui avaient réussi à vivre de leur plume, et qui partageaient leur expérience de façon quasi-désintéressée et bon enfant. Nouveau choc de la réalité, mais à l’envers. Les écrivains indépendants n’étaient pas des crétins ou des aigris, c’étaient des gens qui me ressemblaient étrangement, qui paraissaient heureux et épanouis, qui avaient le sens de l’humour et un capital amitié considérable (très important dans ce métier). J’ai tout de suite adhéré à leur discours, d’autant plus qu’ils connaissaient visiblement leur boulot. Ça sentait le vécu.

Bref, j’ai suivi leurs conseils, cassé mon roman fleuve en trois parties pour en faire une série et je me suis lancé. Et c’est ainsi que tout a commencé…

Le but de cet article n’est pas de vous apprendre les ficelles du métier. Les deux formations mentionnées plus haut le font très bien. Je voulais simplement partager mon expérience, et la démarche qui m’a conduite à atteindre le top 100, à y rester, et à gagner suffisamment d’argent avec mes écrits pour pouvoir envisager de m’y consacrer à temps plein. Il y a quelques trucs dont j’ai fait l’expérience ou que j’ai observés et que je voulais partager avec vous, parce que ça pourrait vous servir, si vous désirez faire la même chose.

Votre chemin vers le succès

Il y a deux types de succès sur Amazon : la bulle d’air chaud et la boule de neige. Deux phénomènes météorologiques qui illustrent bien le concept.

La bulle d’air chaud, c’est quand vous êtes aspirés dans un courant ascendant et vos ventes vont monter toutes seules de façon exponentielle, pratiquement sans effort de votre part. Vous faites votre petite pub, vous soignez votre couverture, votre titre et votre description, votre texte tient la route et soudain vous êtes aspiré vers le haut sans trop comprendre pourquoi. Les commentaires positifs s’accumulent, vous êtes catapulté dans le top des classements, et vous y restez. Amazon, voyant cela, va renforcer votre popularité par des mises en avant et vous atteignez les 20.000 exemplaires vendus (en numérique) en quelques mois. Les titres qui suivent ce parcours ont certains points en commun. Je ne vais pas vous révéler « la recette » parce que, même si vous la connaissiez, ça donnerait un résultat sans âme et ça ne fonctionnerait pas. Il va vous falloir écrire avec vos tripes pour réussir de façon durable et ça, aucune recette ne vous expliquera comment le faire.

La boule de neige, c’est ce qui reste aux 99% d’écrivains indépendants qui n’ont pas eu la chance d’être aspirés dans une bulle d’air chaud, et là, ça va aller très, très lentement. Quand vous aurez vendu vos quinze ou trente premiers exemplaires à votre famille et à vos amis (avec beaucoup d’efforts parce qu’il n’y en a pas un qui sait ce que c’est qu’un ebook, Amazon, ou un commentaire), ça va devenir très calme. Vous allez regarder l’électrocardiogramme de vos ventes osciller entre rien et pas grand-chose pendant un long moment. C’est à ce moment-là que vont commencer à germer de drôles d’idées dans votre tête sur toutes les manières dont vous pourriez faire monter ces ventes, quitte à les acheter vous-mêmes  — ce que je ne vous conseille pas, pas plus que toutes les autres « astuces marketing » qui vont vous déconsidérer à vie en tant qu’auteur auprès de votre entourage et vos amis. Va falloir résister à cette envie et regarder à nouveau vos statistiques. Là, vous avez eu un petit sursaut. Quelqu’un, quelque part, a acheté votre livre. Faut pas rater ce moment parce qu’il peut être assez fugace.

Ce qu’il vous faut comprendre, c’est que chaque vente à une personne que vous ne connaissez pas est une victoire. Chaque sursaut de vos statistiques moribondes, après les ventes à vos amis, est un exploit. Une personne que vous ne connaissez ni d’Ève ni d’Adam vient d’acheter votre livre. Comme ça, toute seule. Elle a aimé un truc que vous avez fait. Elle a décidé de vous faire confiance et de vous donner une chance. Il va vous falloir chérir cette vente comme la chose la plus importante au monde et vous poser ensuite la question de « où est le suivant ? » si vous voulez en voir d’autres.

C’est aussi simple que cela. Dans une semaine ou dans un mois, vous vendrez trois livres par jour. Toujours à des gens que vous ne connaissez pas. La question à vous poser maintenant est « où sont les trois prochains ? ». Les méthodes pour parvenir à les trouver et à les convaincre sont expliquées dans les séminaires dont je vous ai parlé plus haut, plus les autres articles, livres et vidéos sur le sujet que vous dévorerez à présent parce que vous avez pris goût à vendre à de parfaits inconnus et vous êtes prêts à tout pour trouver vos trois prochains acheteurs.

Si vous persévérez ainsi, en augmentant vos ventes une à une, en poursuivant les actions qui vous font connaître et font connaître votre livre sans spammer tout le monde quatorze fois par jour, vous allez vous apercevoir d’une chose : une fois que vous avez atteint ce stade de trois livres vendus, vous allez continuer à vendre la même quantité, chaque jour, et pendant un bon moment. Même si vous ne faites plus rien. Bien sûr, ce n’est pas ce que je vous conseille. Quand vous avez atteint le plateau des trois ventes par jour, il va vous falloir viser beaucoup plus haut : cinq ventes ! Ça n’a l’air de rien comme ça mais essayez de visualiser la chose. Cinq parfaits inconnus vont acheter votre livre aujourd’hui. D’où allez-vous les sortir ? Je ne sais pas vous, mais ça me file le vertige, rien que d’y penser. C’est BEAUCOUP de monde quand vous êtes à trois ventes par jour, je vous l’assure. Mais vous allez y arriver. Cinq ventes par jour. 150 livres par mois.

Déjà vous commencez à apparaître dans les classements des meilleures ventes dans la catégorie très pointue que vous avez soigneusement sélectionnée. Vous allez devenir numéro 1 en romance-historique-dont-le-héros-est-un-pingouin, un truc comme ça. Ce n’est pas la catégorie la plus cotée, mais vous allez être dans le top, à côté, voire au-dessus, de nombreux auteurs très connus qui rament lamentablement avec leurs ebooks à 15,99 euros. C’est le moment de faire de la pub et de vous choper quelques lecteurs de plus. Chaque nouveau lecteur compte. Si vous ne me croyez pas, attendez d’être arrivé à 5 ventes par jour et de voir un jour vos ventes chuter à 2. Vous allez sentir la perte de ces trois acheteurs, je vous l’assure.

Si vous continuez ainsi, si vous appliquez ce que vous avez appris, si vous vous perfectionnez, corrigez les quelques fautes que vos lecteurs vont immanquablement vous faire remarquer, améliorez votre présentation, etc., petit à petit vous allez passer au palier suivant. 10 ventes par jour ! 300 par mois !

Là, ça commence à devenir intéressant. Parce que vous n’êtes pas très loin d’arriver dans le top 100. Vous y êtes peut-être déjà si c’est la saison morte. Bon, être tout en bas du top 100, ça ne va pas beaucoup vous aider au niveau des ventes, mais vous accumulez les « jours dans le top 100 »* et ça c’est très positif. Parce que le jour où vous allez pointer votre nez sur la première page, le top 20, vous aurez déjà 30 « jours dans le top 100 » ou plus derrière vous. Ça fait très bon effet en première page, même si vous avez ramé durant ces 30 jours entre la position 95 et 99. Et entre temps, vous aurez gradué de la sous-sous-sous-catégorie « romance avec les pingouins » à une catégorie beaucoup plus vendeuse, vous serez au sommet des meilleures ventes de Romance par exemple, et ça va générer d’autres ventes.

Vous remarquerez alors un phénomène étrange, c’est que chaque nouveau palier que vous atteignez, vous allez y rester un moment sans monter ni descendre. Si vous arrivez à trente ventes par jour en moyenne, vous allez probablement rester à environ trente ventes par jour pendant un certain temps. Je pense que c’est dû au système de promotion croisée d’Amazon qui fait que, au fur et à mesure que vous accumulez les ventes, vous devenez un peu plus visible sur tout le site pour les gens qui achètent des bouquins comme le vôtre. Vous apparaissez en dessous des autres titres achetés par vos acheteurs dans la catégorie « les gens qui ont acheté ce livre ont également acheté ces autres livres » et ça vous fait de la très bonne pub parce que les gens qui regardent le livre en question sont intéressés par le même genre de littérature. Amazon va vous lister dans les meilleures ventes de telle ou telle catégorie, ils vont envoyer des emails proposant votre livre à des gens qui ont acheté des livres similaires. En bref, ils vont vous aider, si vous vendez, à vendre plus. Donc plus vous vendez, plus vous augmentez vos chances de vendre. C’est pour cela qu’un acheteur plus un acheteur plus un acheteur plus un acheteur peut éventuellement se transformer en une trentaine ou une cinquantaine de ventes par jour sans que vous n’ayez rien d’autre à faire.

À ce moment-là, l’euphorie liée à chaque vente individuelle va se dissiper. Vous allez devenir blasé. Un autre jour à 30 ventes, bâillement. 100ème jour dans le top 100, nouveau bâillement. Vous ne postez plus de captures d’écran trois fois par jour. Votre rêve, évidemment est d’atteindre le palier suivant, les quarante et cinquante ventes par jour. Vous allez sans doute y arriver, tant que vous n’avez pas épuisé les ressources de votre genre particulier. Parce qu’un jour, le cauchemar va commencer…

Vous allez chuter dans les ventes. C’est inexorable, ça arrive à tous les titres, même les meilleurs. Ça se produira plus ou moins rapidement suivant votre catégorie, le prix, la concurrence. Vous allez atteindre un plafond, y rester un moment, puis dégringoler. Votre boule de neige, bien grossie, est arrivée au sommet de la pente et va commencer à rouler toute seule vers la vallée, en fondant au passage. Et il vous semblera que rien de ce que vous pouvez faire ne puisse l’arrêter. Vous allez reprendre les paliers, mais à l’envers. 50, puis 30, puis 20, puis 10… Faute d’offre éclair ou d’une soudaine mise en avant de votre titre, c’est très compliqué de remonter une fois qu’on a entamé la descente. Si vous avez fait votre boulot correctement, cela voudra simplement dire que vous avez atteint la limite des ventes possibles pour votre titre avec les ressources dont vous disposez. Il sera temps alors de penser à lancer le prochain titre que, j’espère, vous avez eu la sagesse d’écrire pendant que vous travailliez sur vos ventes. Il ne faut pas attendre que vos ventes soient revenues à zéro pour sortir le prochain. Dès que vous notez une défaillance que vous n’arrivez pas à redresser, c’est la sonnette d’alarme.

Et vous allez trouver qu’il va être beaucoup plus facile de faire rouler la boule de neige pour le suivant. Ça peut même être très rapide. Mes trois premiers titres n’ont fait que de brèves incursions dans le top 100 Amazon, par contre ils sont restés durant des mois en tête de leur sous-catégorie, vendant très régulièrement (mais pas assez pour rester dans le top 100). Le quatrième y est entré dès le second jour et n’en a pas bougé depuis. Donc ça devient de plus en plus simple à l’usage. Si vous avez réussi à séduire un millier de lecteurs ou deux sur une période de six mois par exemple, ces lecteurs seront prêts à vous acheter quand vous lancerez votre prochain livre. Et mille ou deux mille lecteurs qui achètent votre livre dès les premières semaines vont générer mille ou deux mille nouveaux lecteurs dans le mois qui suit, etc. C’est votre boule de neige qui roule de plus en plus vite, devenant de plus en plus grosse.

En résumé : 1. Faites rouler votre boule de neige, lecteur par lecteur, en luttant pour chacun d’eux jusqu’à atteindre une vitesse de croisière qui va vous permettre de souffler un peu. 2. N’attendez pas que la boule de neige entame sa course descendante pour avoir vos munitions prêtes et en faire rouler une autre, qui sera beaucoup plus facile que la première.

Un dernier commentaire

Toutes les 100 ventes environ, un lecteur va vous laisser un commentaire, en général positif si vous ne l’avez pas dupé sur la marchandise. Et toutes les 1000 ventes, vous recevrez un commentaire négatif qui va rapidement étouffer votre enthousiasme naissant. Mais bon, ça n’arrive pas souvent. C’est moche quand ça se produit (et c’est inévitable) mais vous arriverez à vous en sortir après deux, trois jours d’alitement, de désespoir, de doutes et de pensées suicidaires. Ça passe.

Au bout d’un moment, vous comprendrez (peut-être) que les commentaires ne vous sont pas destinés (ils ne sont pas là pour flatter ou démolir votre ego), mais sont laissés à l’intention d’autres lecteurs qui pourraient être intéressés par votre livre ou un achat sur Amazon. Ce n’est pas une communication qui nous est destinée, nous auteurs, même si nous avons tendance à l’interpréter de façon très (trop) personnelle.

Épilogue

Voilà, je ne sais pas si cela pourra vous être d’une quelconque utilité. Si c’est le cas, j’en serai très heureux. En tout cas, c’est comme ça que ça s’est passé pour moi et je ne peux que souhaiter que la même chose vous arrive, voire beaucoup mieux.

Je pourrai probablement écrire un autre article sur les aspects plus technique du métier d’auteur indépendant : les couvertures, la quatrième de couverture, la pub, mais je ne me sens pas suffisamment de légitimité pour le faire, n’ayant pas encore réussi à élever mes titres tout au sommet des classements. Peut-être que, quand j’aurai conquis ce nouvel Everest, on en reparlera. Là, faut que je bosse à convaincre mes prochains lecteurs. Vous également, d’ailleurs. Qu’attendez-vous ?

* Note: Amazon, malheureusement, ne liste plus les jours dans le top 100, ce qui est regrettable.

5 commentaires:

  1. Un grand merci pour ce retour d'expérience.

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  2. J'ai lu avec attention... C'est très éclairant. Merci !

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  3. MERCI ! C'est tout ! ;-) pour le moment...

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  4. Encore merci, je parcours votre site avec attention et je vous suis très reconnaissante pour ces informations que vous divulguez d'après votre expérience personnelle. Je me lance dans l'aventure !

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