jeudi 16 mars 2017

La politique, la grande chimère



Récemment, j’ai été conduit, par la force des choses, à m’intéresser à la chose politique et à son impact sur la société et les individus. Un peu comme on observe les derniers ébats d’une bête qui meure.

Parce que oui, ayant toujours été un idéaliste, je ne me suis jamais reconnu dans cet exercice de pouvoir. J’ai beau essayer, ça me gratte dans le sens contraire du poil.



En fait, tout semble nous opposer. Je désire la paix dans le monde, la politique ordonne les guerres et les conflits sans jamais nous consulter. Je soutiens une justice impartiale et équitable, la politique utilise la justice pour arriver à ses fins personnelles. J’aspire à la liberté de penser, la politique professe l’idéologie, la doctrine et la pensée unique et souveraine. Je suis pour le respect de l’autre, la politique encourage la différenciation, le mépris et la haine. Je suis pour la liberté de l’individu à diriger sa vie, la politique demande d’abandonner tout pouvoir à ses « élus ». Je pourrais continuer ad infinitum.

Curieusement, j’ai observé que la quasi-totalité des gens que j’ai pu rencontrer partageait les mêmes aspirations que moi. On pourrait alors penser qu’un candidat qui ferait campagne sur les points ci-dessus obtiendrait 100% des suffrages, le score idéal pour pouvoir prétendre à une vraie démocratie. Mais en fait non. Les politiciens ne font pas dans les utopies, ils font dans le sérieux. Le concret. Le chômage, l’inflation (rebaptisée dette nationale depuis la monnaie unique), l’insécurité, la faillite de l’éducation, le lent délitement de la qualité de vie. Tous ces maux qu’ils ont eux-mêmes créés ou amplifiés de par leur démontrable manque de compétences depuis des décennies.

Peut-on leur en vouloir ? Ils n’ont jamais géré une ferme ou fait fructifier une entreprise. Comment pourraient-ils prétendre gérer un pays ? Ça ne s’apprend pas dans les livres ni sur les bancs dorés de l’ENA. Ils ont beau agiter ces programmes réchauffés quinquennat après quinquennat qu’ils sont bien incapables de mener à bien, les gens ne sont pas dupes, même lorsqu’ils font semblant.

À force de lamentablement échouer à démontrer une quelconque compétence à faire correctement leur travail, les politiciens sont une race en voie d’extinction et ils ne le savent même pas.

La politique, c’était peut-être différent du temps d’Athènes l’ancienne, quand le mot « polis » désignait encore « la cité », mais aujourd’hui c’est essentiellement devenu l’instrument d’une élite jalouse de ses pouvoirs et de ses privilèges, prête à ne reculer devant aucun crime, aucune trahison, aucun mensonge, pour protéger sa survie.

La quête politique est la quête du pouvoir absolu. Elle salit tout ce qu’elle touche.

Dans la plupart des aspects de notre vie, nous n’avons aucun besoin de « gouvernement ». Un individu passablement sain n’a pas besoin qu’on lui tienne la main en permanence ni qu’on lui dicte ses choix. Les gens peuvent s’organiser entre eux sans avoir besoin d’être constamment supervisés (et ponctionnés au passage de leurs économies durement gagnées).

L’État est devenu une chose informe et autoritaire qui s’immisce dans tous les recoins de notre vie et contre lequel l’individu est totalement désarmé. Les hommes n’ont d’autre choix que d’aller bravement mourir pour la patrie sans jamais avoir leur mot à dire. Ils n’ont pas d’autre choix que de voir le fruit de leur labeur passer entre les mains de ceux qui ne servent que leurs propres intérêts et ceux des corporations qui les financent. Ils sont impuissants devant la destruction de leur environnement, celui qu’ils légueront à leurs enfants. Ils ne peuvent que contempler la misère du monde sans jamais être en mesure d’y apporter le moindre réconfort. Et ceux qui tentent de protester sont impitoyablement réduits au silence.

Comme tous les politiciens vous l’expliqueront, les coupables, bien évidemment, ce sont les autres. Ceux de Droite ou de Gauche, les Extrêmes. Les gens d’ici ou ceux d’ailleurs. Si le monde va mal, c’est de leur faute. La solution est de les chasser, de les anéantir, de les priver de pouvoir. Il faut choisir un camp pour savoir où se trouve l’ennemi à abattre, la bête immonde, la fin de toute vie et de toute civilisation. Parce que notre parti a toutes les réponses. Nous savons ce qui est le mieux pour vous.

Vraiment ?

La politique opère un clivage entre les gens parce qu’elle présuppose qu’il existe des opinions incompatibles. C’est un mensonge. Deux personnes peuvent être d’opinion différente sans pour cela devenir ennemis. Au contraire, c’est dans l’opposition d’idées que la pensée évolue. Dans la remise en question des contraintes et des idées fixes. L’immuable et l’indiscutable (comme la pensée politique peut souvent l’être) n’ont jamais été source de progrès ni de changement.

À mon très humble avis, personne ne peut se vanter de posséder les réponses universelles. Chaque être est différent. Chaque personne a ses propres rêves et ses aspirations. Vos rêves et vos envies ne sont pas, et ne pourront jamais être, ceux de tel ou tel candidat. Il faut descendre bien bas, très bas, tout au fond du trou, pour trouver le dénominateur commun de tous les individus qui composent votre pays, canton ou même ville. Et à cette profondeur-là, il n’y a plus de lumière ni d’espérance. Il n’y a que l’obscurité.

Pour élever un groupe d’individus, quelle qu’en soit la taille, il faut élever chaque individu dans ce groupe. C’est un travail commun et individuel à la fois. Ce n’est pas une question d’opinions, d’esprit partisan ni même de majorité. Même lorsque 90% réussissent, les 10% restants peuvent faire de leur vie un enfer. Même 1% suffit. Chacun doit pouvoir trouver sa propre vérité, par lui-même, elle-même, et chacun doit être libre de s’élever individuellement. Dans le respect commun de l’autre. Il n’y a pas d’autre solution ni de raccourci, et tant pis si ça paraît utopique.

Faut-il alors abandonner toute responsabilité civique et laisser ceux qui vont voter pour la forme de servitude qui leur convient décider de notre futur ? Faut-il attendre que le système s’effondre, comme il le fera inévitablement, pour tenter de rebâtir une société sur des bases nouvelles ? Aurons-nous toujours une planète sur laquelle vivre ? Faut-il espérer un Sauveur qui prendra le pouvoir et nous délivrera tous ?

Je n’ai bien évidemment pas de réponse. Personne n’en a. Et chacun en a une. La seule option que je connaisse est de vivre sa vie, suivant ses propres principes, en cherchant ses vérités propres. D’exemplifier dans son attitude les valeurs qui sont les siennes. De ne pas tomber dans le piège de la division et de la haine. D’accepter que ses voisins aient des opinions différentes et de ne pas les mépriser ou tenter de les empêcher de vivre pour cela. D’accepter d’apprendre et de grandir et de comprendre que chaque personne autour de soi a le potentiel d’enrichir sa vie. Et de lutter chaque jour pour réaliser ses rêves en dépit de tous les obstacles, parce que la vie file entre nos doigts et si nous la passons à maudire les autres ou à les combattre, nous aurons oublié la chose la plus importante, c’est de vivre la nôtre.

D’aucuns diront que c’est une vision individuelle et égocentrique. Peut-être. Mais la victoire de l’individu est une défaite pour le politique. L’individu n’existe pas en politique, il n’est qu’un « électeur », celui qui est là essentiellement pour vous faire élire (et accessoirement couvrir votre salaire et vos largesses). Bien vite oublié, comme les promesses de campagne.

La société ne se construit pas sur les masses mais sur les individus. C’est l’individu, qu’il soit chercheur, poète, balayeur ou artisan, qui la fait vivre et la fait avancer. C’est lui qui doit progresser pour que la société ou la civilisation progresse. C’est à lui qu’il convient de tendre la main, d’homme à homme, pour l’aider à poursuivre ses rêves et, ce faisant, à nous faire tous progresser. Ensemble.

Pour conclure, comme le disait Buckminster Fuller : « On ne change jamais les choses en combattant la réalité existante. Pour changer quelque chose, il faut construire un nouveau modèle qui rendra l'ancien dépassé. »

Peut-être le temps est-il venu de réfléchir à ce nouveau modèle.

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